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à fleur d'ombre
9 novembre 2009

depart

Imaginez une fusée : une partie est consacrée à s'arracher de la terre, combattre l'attraction terrestre... Cet étage, où ce lanceur est l'image qui correspond le mieux à la première partie de mon voyage : décoller, filer, tracer... m'arracher de quelquechose !

M'arracher à une mauvaise passe, redresser une trajectoire, changer d'air et RESPIRER !!!

Je suis parti le premier Août de Vinezac, Ardèche, Bas-Vivarais. Pays frontière climatique (géologique ?), par la fenêtre de la cuisine j'aperçois les collines douces des "GRAS", à la végétation garriguesque, bois de cade, chênes semper virens, buissons de buis (?)... no soy spézialisto !  et côté salon j'admire chaque matin la majestueuse chaîne du TANARGUE aux nombreux chataîgners, conifères, genêts... ainsi que les monts LOZERE qui étaient enneigés vendredi dernier !

Suis donc parti à vélo, bien sûr mais aussi et surtout avec TY-BATO, remorque inventée et fabriquée manuellement. Je veux ici te remercier, TY-BATO, étonnament solide et magnifique ! C'était pour moi chaque matin un miracle de te voir repartir, avec tes 50 à 60 kilos (20 kilos à vide + 30 à 40 kilos de matos) de matériel, ton mât de bambou fleuri, tes voiles et ton étendard...  La toile transat à tenu, le timon alu aussi... Un miracle renouvelé...

Ai dormi la première nuit au camping de valgorge, dégusté un couscous à la fête du village puis reparti le lendemain : de 600 mètres à 1371, légère bruine et vent  à Loubaresse et au col de Meyrand. J'ai ensuite filé jusqu'à Langogne, oû j'ai dormi deux nuits au camping près l'Allier.Les premières photos prises, l'allemand au col : "c'est de l'art ! moi : nan c'est de la poësie visuelle...l'ancien de Béthanie au partage des eaux et la ravissante blonde anglaise qui me demande ce que c'est et me dit :  c'est pour dragé ? et moi de lui expliquer la différence entre dragée et draguer...  Arnaud le gérant et sa partronne de l'auberge de Peyre, la petite demoiselle qui est venu m'écouter jouer et discuter musique, le marché sous les Halles, Monsieur le Maire qui se présente... Je ne suis pas encore à l'aise, trop proche de mes soucis... Mais le charme de la route fait insidieusement son effet, et le sourire commence à poindre dans mon coeur.

Longé barrage de Naussac, pause avec les vaches, suivi belles gorges de l'allier : un coup ça monte, un coup ça descend... les petites routes offrent un confort par l'absence de circulation, mais sont parfois (souvent) moins lisses que les rubans d'asphalte des voies plus fréquentées. Sans plan précis ( une simple carte de France !) je n'imagine pas une seconde que je vais au plus direct, au moins dénivellé, au plus large où au plus ceci cela : non, je vais au feeling, dans une direction assez grosso modo : je traverse le massif central puis je vais faire une halte à l'île d'Aîx. Voilà pour la direction. Alors bien sûr parfois les pentes raides sont conspuées, la langue pendue à terre et la remorque lourde... Mais ça passe : je m'arrête souvent pour récupérer, surtout en ces premiers jours ou je ne sais rien de la fiabilité du conducteur : va-t-il tenir le coup ? ne va-t-il pas perdre un bras en route, une jambe... ? Il fait beau, chaud : je remplis dès que je le peux les gourdes et bouteilles d'eau qui se vident à une vitesse ! Quelques framboises en bord de route, quelques photos pour la p'tite dame près du pont, encouragé vélo-remorque dans la côte d'un POUET-POUET retentissant ! Ah il est beau mon klaxon, il est beau ! Ai dormi près l'Allier, dans un camping, le quatrième en quatre nuits...

Saugues, la bête... rencontré une marcheuse férocenée (ben quoi !) qui m'a donné de bonnes idées pour la nourriture : viande séchée, fromage à pâte dure... Il y a à Saugues un plan d'eau, je m'y installe : je déploie la tente pour la faire sécher, ma tenture éléphant par terre façon pic-nic, et je vais nager. Bon, ai pied tout le temps mais peu importe, il fait chaud et c'est bon de se baigner ( je ne suis pas un nageur très expérimenté, n'ayant appris à nager que vers trente ans et je ne suis pas de ceux qui restent dans l'eau longtemps.) Et là, en cet endroit, me revient en mémoire un souvenir... J'ai vécu quelques mois, une année peut-être à Langeac, pas loin d'ici : j'étais venu aider Daniel mon beau-frère car il était gravement malade et j'avais quelques connaissances en ébenisterie... C'était d'ailleurs avec lui, ma soeur, et ses parents à lui que nous étions venus pêcher au plan d'eau contigu à celui-ci... mais caché par un talus, c'est pourquoi je ne l'avais pas reconnu de suite. Et là, j'avais pêché une belle truite saumonée... à la main et voici comment : il est un rû qui coule dans le plan d'eau et je m'étais accroupi à cet endroit. Je remarquai bientôt un poisson qui nageait sur place, en face de l'arrivée du filet d'eau. Je dénichai alors un de ces vers planqués dans son étui de minuscules cailloux et, main dans l'eau, je le proposais au poisson. Une fusée, un trait d'argent... Je n'ai pas eu le temps de le voir, à peine de le sentir : je n'avais plus rien entre les doigts et mister poisson avait moins faim : il était venu en un éclair me chiper le ver... Ce manège avait duré quelques temps, quelques heures en fait, 3 où 4 si je me souviens bien. Le poisson était venu 3 où 4 fois sans que je puisse l'attrapper ! Mais à coeur breton, rien d'impossible ! Nous sommes opîniatres (moi en tout cas) ... Sous les yeux ébahis des parents de Daniel, je me suis détendu (j'étais accroupi) et j'ai plongé dans l'eau jusqu'à mi-corps, le poisson dans mes mains ! Victoire !  En le préparant, quelquechose de fort s'était inscrit dans mon cerveau, comme un regain de puissance, une fierté... Que j'avais oubliés depuis et heureusement rappelé, en me posant ici, à Saugues, au même endroit, ( par hazard ?)... J'ai fait le lézard, les gens sont arrivés petit à petit, une colo s'est instàllée près de moi, gosses et monos sont venus m'apporter leur excédent de ration dînatoire : barquette de from à gogo, oeufs durs, bananes, pains... les gosses sont restés m'écouter chanter...  Suis reparti, dans le pays de la bête et j'ai planté la tente dans un pré, d'abord sans vaches puis avec, au pied du mont Mouchet, haut-lieu (1500 m environ) de la résistance en Haute-loire. Voilà pour cette fois. Tu m'as accompagné dans ce voyage Daniel, tu étais là, Paix à ton âme.   

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