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à fleur d'ombre
15 novembre 2009

avant d'aller plus loin.

Je vais tenter de vous expliquer Ty-bato et les fleurs.

Pour cela, il faut que je vous parle des ombres colorées, et que je remonte loin en arrière... quand j'avais une dizaine d'années. Ayant hérité pour une fois de mes aînés un truc sympa (qui me changeait des pulls et autres pantalons usés et raccomodés), à savoir un projecteur diapos en plastique de couleur orange, je me mis alors à fabriquer des diapos en carton et papier calque et j'inventais des histoires d'envahisseurs, d'extraterrestres verdoyants, de soucoupes soucoupantes, et de pistolets laser fulgurants.Fasciné par cette bulle de lumière, j'adorais ces projections et je m'amusais beaucoup dans ma chambre, plongée dans le noir, drapé dans un costume de héros invincible, sauveur de l'humanité (au bas mot) où de Pollux notre chien !!!

Quelques années plus tard, ma soeur eu la bonne idée d'avoir pour compagnon P, un type bien, éclairagiste de spectacle de renom. C'est avec  lui que je découvris la gélatine, cette matière plastique transparente colorée, sous forme de feuille que l'on place devant les projecteurs pour créer des ambiances chaudes, froides etc... Je fabriquais vers cette époque là mon premier tableau grâce à un échantillonneur, petit carnet d'environ deux cents couleurs différentes de gélat. Je découpais un carton façon vitrail et imaginais une fleur-flamme. Beaucoup de travail dont il ne reste plus trace aujourd'hui. C'était beau

Quelques années passèrent où j'oubliais la gélatine.

Je m'y remis vers l'âge de trente ans, où je fis un rêve qui n'est pas sans lien avec le sujet concerné.  C'est assurément le plus beau rêve de ma vie et je voudrais m'en rappeler au moment de mourir, partir avec quoi. Voici : c'était la nuit et j'avançais sur un chemin éclairé faiblement par la torche que je tenais ; au loin je devinais une toile de tente et ma compagne qui me faisait signe. Allez savoir pourquoi, je plongeais alors ma tête dans le faisceau de la lampe et me mis tout à coup à décoller du sol, à grimper en tournoyant, à voler ! La lumière emplissait tout, partout. Je sentais comme un cordon ténu, souple et résistant à la fois qui me reliait à la terre, à ce que je quittais. C'était bon, c'était chaud, bien enveloppé je n'avais aucune crainte et je continuais à monter... Puis tout à coup, comme arrivé à un seuil, c'était là : des fleurs mirifiques, merlubérantes, chatoyantes, de toutes formes, de toutes couleurs, des formes inconnues de moi, des couleurs indéscriptibles. Cela me remplissait de bonheur, de chaleur, de joie ! Ce que je pensais à l'époque vaut toujours : nul mot pour décrire ce que je ressentais, ce que je voyais. Continuant à avancer, je "nageais" dans ce champ de fleurs comme on ferait dans un récif coralien, parmi les algues se balançant nonchalamment. Ce champ devint prairie, vallée, vaste étendue que je découvrais au fur et à mesure et qui semblait infinie. Puis, retrouvant mon faisceau de lumière, je continuais à monter, plus haut, toujours plus haut, dans une position recroquevillée, un peu comme un foetus, toujours tournoyant et baigné d'une chaleur et d'un bien-être totals !!! Une certitude me vint alors : si je monte encore, je ne pourrais bientôt plus redescendre... je ressentis la fragilité du fil qui me reliait, devenu si fin , si tendu... tout prêt de la rupture. L'idée me vint que je n'avais pas fini ce que j'avais à faire dans ma terrestre réalité et la peur survint. Immédiatement je chut, quittant la chaleur du tunnel lumineux je me réveillais dans mon lit, près de ma compagne endormie, suffoquant, les jambes pliées genoux en haut tendant les couvertures bordées (c'était l'hiver), et, grande ouverte comme ayant poussé un cri long et titanesque, la machoire douloureuse, la machoire déboîtée ! Machoire déboîtée par un rêve ! Pendant six mois j'eu mal, veillant à ne crier et rire que modérement.

Je me remis donc à  la gélatine

J'inventais des arbres dont les feuilles produisaient des ombres colorées, des cartes postales façon vitrail et des mobiles, plein de mobiles qui me révèlèrent un secret fabuleux : les reflets courbes que j'appelais alors et à tort sans doute fractales. L'appart où nous vivions M et moi avait une configuration lumineuse spécifique, les rayons solaires de fin de journée offrants comme un écran sur le mur du salon plongé par le reste dans la pénombre.  Ces rayons traversaient un "champ" de mobiles suspendu à une poutre faîtière. Chauves-souris, papillons, libellules et méduses tournoyaient lentement dans la lumière, certains étant directement projetés sur l'écran lumineux, les autres se reflétant par "fractales" sur les murs plus sombres : de multiples et jolies courbes de couleur pastel qui s'entrecroisaient et se décroisaient , se mouvaient en une danse élégante, aux circonvolutions aléatoires sans cesse renouvelées. Pas besoin de psychotropes, je m'installais dans le fauteuil et, les yeux écarquillés, je me remplissais de ce spectacle fascinant. Je m'apaisais.

Peu de temps après, je créai les premières fleurs.

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Commentaires
D
mon mail : dumoulin.denis@yahoo.fr
D
bonjour, content de vous avoir fait sourire..., à votre tour : vous êtes mon premier commentaire !
C
Bonjour,<br /> Je vous ai croisé à Carcassonne et vous m'avez fait rêver avec votre joyeux vélo et j'ai apprécié votre sourire, encore Bravo<br /> Donnez-moi votre mail pour que je puisse vous envoyer la photo que je vous ai prise près du pont Vieux.<br /> Cordialement
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